Biographie.

Présentation des principales œuvres.

Éléments de réflexion sur l'œuvre.

Bibliographie.

Bibliographie critique.

Liens vers d'autres pages.

Où trouver les oeuvres de l'auteur?

Autres auteurs britanniques.

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Éléments biographiques.

Né en 1856, Henry Rider Haggard est resté toute sa vie l'un des serviteurs de la puissance britannique. Il participe activement à la politique impériale anglaise en Afrique du Sud, où il est successivement secrétaire d’Henry Bulwe, gouverneur du Natal (1874-75), partie prenante à la mission d'annexion du Transvaal (1877), puis greffier à la Haute Cour de Pretoria. A peine a-t-il le temps de rentrer en Angleterre pour se marier (1879), qu'il retourne au Natal, jusqu'à ce que les révoltes zoulous et Boers le contraignent à rejoindre la métropole.

C'est alors qu'il se mettra à écrire, d'abord des essais sur l'Afrique (Cetywayo and his White Neighbours, 1882), puis, rapidement, un premier roman qui lui assurera immédiatement le succès, King Solomon's Mines (1885), et qui sera suivi de nombreux autres.

Outre les fictions et les récits de voyages, Haggard écrira deux livres sur l'Armée du Salut (The Poor and the Land. Report on the Salvation Army Colonies, 1905), et plusieurs ouvrages sur l'économie agricole (Rural England, 1902).

Bon chrétien, serviteur de l'Empire, économiste éclairé et spécialiste des problèmes agricoles, Haggard multipliera les missions pour le gouvernement, ce qui lui vaudra d'être fait chevalier à deux reprises. Ces différent aspects de sa personnalité apparaissent dans ses récits: au terme d'Allan Quatermain, Henry Curtis crée une sorte de colonie britannique détachée de l'Angleterre, où le christianisme promet de triompher.

Henry Rider Haggard meurt en 1925.

 

Principales œuvres.

Les œuvres publiées par Rider Haggard sont nombreuses et inégales. Parmi celles-ci, on distingue un certain nombre de thèmes et de sujets récurrents.

Une illustration tirée de The Ivory Child.

La première série de récits qu'on peut identifier prend pour héros Allan Quatermain. Elle s'ouvre avec King Solomon's Mines (1885) bientôt suivi de Allan Quatermain (1887), qui s'achève sur la mort du héros. D'autres aventures suivront pourtant, qui se situeront chronologiquement avant ce texte: une nouvelle brève "A Tale of the Three Lions" (1887), suivi de treize autres ouvrages, parmi lesquels ont étés traduits en français Allan's Wife (1889, L’épouse d’Allan), The Holy Flower (1915, La fleur sacrée), The Ivory Child (1915), Allan and the Ice-Gods (1927, Les Dieux de Glace, qui est plus une adaptation qu’une traduction) et She and Allan (1921, Elle et Allan Quatermain) qui consacre la rencontre du premier cycle et du second.

Le cycle d'Ayesha, seconde héroïne - ou antihéroïne - de l'auteur, est moins fourni que le premier, mais a connu un succès sans doute aussi important, en particulier en France où il a été intégralement traduit. She (1887, Elle), qui ouvre le cycle, a ainsi connu onze traductions différentes en français. Viendront ensuite Ayesha, the Return of She (1905, Ayesha), She and Allan (1921) et The Wisdom's Daughter (1923, La fille de la sagesse).

Outre ces deux séries, qui sont de loin les plus connues de l'auteur, on peut identifier d'autres veines d'inspiration. En premier chef, on distinguera une série d'œuvres se déroulant dans des grandes civilisations disparues - Égypte ancienne (Cleopatra, 1889, The World Desire écrit en collaboration avec Andrew Lang, 1890, Moon of Israel, 1918, traduit en Français sous le titre L’esclave reine), civilisations d'Amériques (Incas - The Virgin of the Sun, 1922, Aztèques - Heart of the World, 1896, Montezuma's Daughter 1893). Toutes ces œuvres entretiennent des liens profonds avec les "mondes perdus" d'une part, et les récits historiques d'autre part. Enfin, elles sont souvent empreintes de fantastique.

D'autres textes d'inspirations plus diverses, pourront être évoqués: récits d'aventures exotiques (parmi lesquels Dawn, l'une des premières œuvres de fiction de l'auteur, 1884), récits d'aventures historiques (Red Eve, 1911, Eve la rouge), ou les "mondes perdus" (The People of the Myst, 1894, The Yellow God, 1909).

Haggard a également écrit quelques romans réalistes, parmi lesquels Colonel Quaritch V.C. (1888), des récits de voyages (dont son premier livre: Cetywayo and his White Neighbours, 1882), des essais d'économie agricole ou de religion.

Dans les années 80, Haggard a fait l'objet d'un important travail de réédition en France, sous l'impulsion des éditions NéO, mais avec la faillite de la société, ces ouvrages sont difficiles à trouver. Reste le cycle de She, édition Bouquins, et quelques romans en 10/18.

Les œuvres en Anglais sont plus difficiles à trouver encore puisque seules sont encore publiés She, King Solomon's Mines et Allan Quatermain. Elles sont bien plus faciles d'accès aux États Unis (où elles sont rééditées par la collection Pulp Fictions).

L'affiche du film de 1950.

Enfin, on soulignera qu'il existe de nombreuses adaptations cinématographiques des œuvres, en particulier de la série des "Allan Quatermain": On citera la version de la MGM (King Solomon's Mines, 1950), co-réalisée par Compton Bennett et Andrew Marton (avec Stewart Granger et Deborah Kerr) et, plus récemment, le film navrant du même nom, réalisé par Lee Thompson (1985), avec Richard Chamberlain et Sharon Stone, qui ne conserve plus rien du récit initial.

 

Éléments de réflexion sur l'œuvre.

Henry Rider Haggard fait partie de ces auteurs de romans d'aventures les plus controversés: nombreux sont les critiques qui dénoncent le racisme de ses récits, la vision impérialiste qui se dégage de ses œuvres, le goût prononcé et douteux de l'auteur pour l’imaginaire associé au surhomme et la puissance virile en général. D'autres au contraire ont cherché à montrer que la fascination de l'auteur pour la force et la barbarie témoignaient d'une attirance plus profonde de l'auteur pour la sauvagerie (ce qui ne remet d'ailleurs pas du tout en cause le racisme de son idéologie, bien au contraire). En réalité, Haggard se situe au confluent de ces deux lectures : s’il est un auteur impérialiste, c’est aussi par dégoût de la civilisation (à la fin de King Solomon’s Mines les héros hésitent à revenir à la civilisation et au début d’Allan Quatermain, ils soulignent leur nostalgie du monde sauvage) ; le monde sauvage qu’ils conquièrent leur permet alors de fuir la civilisation tout en la servant. Ce qui est refusé dans notre monde, c’est l’absence de liberté, les contraintes, qui sont senties comme un affaiblissement de l’Homme. Au contraire, le monde sauvage permet de satisfaire ses instincts, ceux du chasseur et du « sang noir », liés au goût du sang et de la violence, mais aussi, de façon cachée, les désirs sexuels et la recherche d’une puissance infinie : Ayesha ne propose-t-elle pas à Leo de gouverner le monde ? Et Sir Henry Curtis n’est-il pas appelé à diriger le monde ? Ainsi, en servant la civilisation, les héros de Haggard la fuient. Les valeurs qu’ils recherchent (et que nous, lecteurs, recherchons dans les ouvrages de Haggard) sont celles de la sauvagerie (le wild), c’est-à-dire l’inverse de ce qu’ils sont supposés défendre en tant qu’hommes blancs civilisés. Et cette puissance qu’ils poursuivent dans les pays exotiques vient de la faiblesse dont ils espèrent profiter, faiblesse de pays enfants et de territoires vierges à conquérir (d’où le pastoralisme de certains récits et l’évocation de richesses infinies). En cela, les récits de Haggard sont peut-être le témoignage des ambiguïtés de l’imaginaire associé au roman d’aventures et à l’impérialisme en général.

Quels que soient les jugements qu'on doive porter sur l'auteur, il est indéniable qu'il s'agit d'une figure majeure du roman d'aventures: ses récits ont été adaptés un nombre incalculable de fois au cinéma, ils sont encore publiés dans bien des pays, et les lecteurs, jeunes ou moins jeunes, prennent encore plaisir aux mésaventures d'Allan Quatermain ou d'Ayesha, la fille de la sagesse.

Si le lecteur est tenté de passer outre les travers de l'auteur, travers idéologiques, on l'a vu, mais aussi défauts stylistiques, c'est sans doute pour la puissance imaginaire de ses œuvres. En effet, il y a une certaine science de la littérature d'évasion chez Rider Haggard, mais aussi un goût marqué pour ce type de récits: dans "About Fiction", il écrit "A weary public continually calls for books, new books to make them forget, to refresh them, to occupy minds jaded with […] toil and emptiness and vexation" (« un public épuisé veut des livres, de nouveaux livres pour lui permettre d’oublier, pour le régénérer, pour occuper des âmes éreintées par […] le travail, la nullité et les vexations »). On le voit, Haggard se revendique d'une fiction qui fait plus appel aux sens qu'à la raison, qui s'inscrit davantage dans l'écart que dans la conformité au réel, à l'extraordinaire plutôt qu'au prosaïque, parce qu’il refuse le monde quotidien. Partant d’une vision aussi radicale du romance (le romanesque), rien d’étonnant à ce qu’il aboutisse à un type de récits lui-même extrême.

En effet, non seulement les récits de Rider Haggard se déroulent dans des contrées lointaines, comme la plupart des romans d'aventures, mais ces contrées sont le plus souvent imaginaires, ce sont des civilisations inconnues, préservées du réel par leur situation géographique. Ces "mondes perdus" sont de véritables bulles qui ne semblent connaître ni le temps, ni l'espace. Royaumes de contes de fées, ils en possèdent l'architecture et les richesses somptueuses. Ils en possèdent souvent la magie: on y trouve Gagool la sorcière, Ayesha l'immortelle ou Murgh l'homme-dieu; tous ces êtres résistent au temps, puisque ce monde est un refus du réel.

Illustration tirée de She.

Écart historique, écart exotique, écart fantastique… Le récit cherche à dépayser le lecteur. Cette volonté délibérée de s'éloigner du monde quotidien s'explique par plusieurs raisons. Il semble d'abord que Rider Haggard ait eu peu d'estime pour la société anglaise. Il ne manque guère une occasion d'en fustiger les mœurs affaiblies: Allan et ses amis regrettent de devoir retourner en Angleterre à la fin de King Solomon's Mines; ils fuient l'Angleterre au début d'Allan Quatermain. Le Dieu Murgh dit, dans Red Eve, son mépris des cerveaux obtus des Anglais…

Mais ce mépris affiché n'est qu'une conséquence d'une fascination pour la force et l'image du surhomme. N'est-ce pas la promesse que fait Ayesha à Leo (She): régner sur les hommes? Cette puissance absolue, on la retrouve dans King Solomon's Mines et dans Allan Quatermain. Pour Haggard, il est normal de régner sur les hommes lorsqu'on est soi-même un être d'exception: Leo ou Sir Henry sont de tels hommes. Ils méritent naturellement de commander.

De la même façon, Haggard distingue entre les peuples de seigneurs, les Zoulous, les mythiques tribus blanches d’Afrique ou les Anglais, et les autres… Ainsi, des peuples et des hommes sont faits pour commander, d'autres pour obéir: le dégoût de Haggard pour l'Angleterre dépravée va de pair avec son fervent colonialisme. C'est en se faisant seigneurs que les Anglais redeviennent ce qu'ils devraient être: les maîtres. 

 

Bibliographie critique.

"Adolescent Pornography and Imperialism in Haggard's King Solomon's Mines", W. J. Schreick, dans English Literature in Transition, 1991, vol. 34, n° 1.

"An Immense Snake Uncoiled: H. Rider Haggard's Heart of Darkness and Imperial Gothic" B Westerweel, dans DQR Studies in Literature, n° 16.

"King Solomon's Mines: Imperialism and Narrative Structure", R. F. Patterson, Journal of Narrative Technique, 1978.

"Pictures of Savage Lands: Rider Haggard's Romance Fiction" P. Pierce, ACLALS Bulletin, 1978.

"Rider Haggard and the Empire of Imagination" W. R. Katz, English Literature in Transition (1880-1920), 1980.

Rider Haggard and the Fiction of Empire, Wendy Katz, Cambridge, Cambridg University Press, 1987.

"Rider Haggard: A Literature for Children or a Childish Africa?", J. Sevry, Commonwealth Essays and Studies, 1992.

"Rider Haggard and the Novel of Adventure", dans Second Essays on Literature, Edward Shanks, 1927, Londres, Collins.

"Rider Haggard's She: An Archetypal History of Adventure", E. J. Hinz, Studies in the Novel, 1972.

"Ritual Celebrations as Rites of Passage in Rider Haggard's Dark Romances" M. Demoor, dans Cahiers victoriens et edwardiens, 1994, n° 39.

 

 Liens vers d'autres pages.

Ici aussi, il existe peu de pages consacrées à Rider Haggard.

 Plusieurs pages sur le site de Violet books sont consacrées à Haggard : une page sur les mondes perdus, l’autres sur les illustrations de ses œuvres.

On trouve ailleurs une biographie et une bibliographie assez complètes.

Citons encore les deux sites suivants, http://members.tripod.com/~Saraswati_Online/haggard.htm

et http://www.ipl.org/reading/books/ où l'on peut trouver de nombreux textes et romans (en anglais toujours) de l'auteur.

 

Où trouver les oeuvres de l'auteur?

Vous trouverez de nombreuses oeuvres sur abebooks.fr, spécialiste du livre d'occasion.

On peut télécharger en mode image (faible qualité) plusieurs romans en français de l'auteur sur le site de la Bibliothèque nationale: Bibliothèque Nationale de France (nécessite Acrobat Reader).

Vous trouverez également des adresses de bouquinistes spécialisés dans la littérature populaire sur ma page d'adresses.

 

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