Errol Flynn, ici dans The Sea Hawk (Michael Curtiz, 1940), fut le plus fameux interprète au cinéma des personnages de Sabatini
(il interpréta également le Captain Blood, du même Michael Curtiz).
Présentation de l'auteur et de son oeuvre.
Bibliographie des oeuvres de l'auteur.
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Rafael
Sabatini, 1875-1950.
Cette
situation de relatif oubli (l’Angleterre ne publie plus ses œuvres depuis
quelques années déjà), Sabatini la doit sans doute à son arrivée tardive
dans le monde du roman d'aventures historiques : il commence à écrire
alors que ce type de récits connaît un reflux sensible au profit du roman
d'aventures exotiques (l’Angleterre impériale triomphe alors). Aussi en
a-t-on fait un épigone de Stevenson, de Conan Doyle ou d’Anthony Hope, pourtant
son aîné de plume de quelques années seulement. On aurait pu également
rapprocher ses œuvres des premiers récits de John Buchan ou aux romans de
Stanley Weyman, ses contemporains — Sabatini reconnut d’ailleurs sa dette
vis-à-vis du second. Mais loin de noyer Sabatini dans la masse des auteurs
britanniques d’aventures historiques, il est sans doute plus intéressant de
chercher à mettre en évidence ce qui fait son originalité.
Né
en Italie (à Jesi). Rafael Sabatini émigre très jeune en Grande-Bretagne, mais il ne devient citoyen
britannique qu’en 1918, après avoir travaillé durant la première guerre
mondiale pour le War Office Intelligence Department. Il meurt le 13 février
1950, alors qu’est en vacances à Adelboden, en Suisse. Entre ces deux dates,
il publie une quarantaine de romans historiques et de biographies romancées, au
point qu’on trouve fréquemment ses œuvres rangées dans les bibliothèques
aussi bien au rayon histoire ou au rayon littérature.
Dès son premier roman, The
Tavern Knight
(1904) qui décrit les mésaventures d’un jeune homme en fuite après la
bataille de Worcester (1651) et la défaite des troupes royalistes, on trouve
les principales caractéristiques des œuvres de Sabatini : un arrière-plan
historique solide et documenté qui sait s’effacer derrière les impératifs
de l’aventure et du romanesque. Le meilleur exemple en est sans doute Captain
Blood (1922), qui s’inspire de la vie de Henry Pitman, chirurgien anglais
condamné à mort par le juge George Jeffreys pour avoir aidé les rebelles lors
du combat de Sedgemoor auprès de James Scott et qui s’échappa vers les
Antilles. La suite du récit reprend diverses anecdotes tirées de l’histoire
de la piraterie dans les Caraïbes, et plus particulièrement la vie de Sir
Henry Morgan (cité dans le récit). Sabatini a su mêler plusieurs éléments
de l’Histoire pour créer un cadre original et une aventure à l’imagination
authentique. Les relations entre Anglais, Français et Espagnols, et le
fonctionnement de la piraterie dans la région sont décrits avec précision,
mais sans jamais générer un discours didactique pesant — ce qui est déjà
un exploit au regard d’autres auteurs de romans d’aventures historiques !
Captain
Blood
donna lieu à deux suites moins convaincantes : The
Chronicles of Captain Blood, 1931; et The
Fortunes of Captain Blood, 1936. On peut leur préférer The Sea Hawk (1915), Scaramouche
(1921) ou encore The Black Swan (1932), œuvres qu’on gagnerait à redécouvrir…
et qu’on peut aisément redécouvrir en Français grâce aux édition Phébus
et à l’extraordinaire Michel Le Bris (qui est sans doute à l’origine du
renouveau du roman d'aventures en France).
Ses
contemporains ont reproché à Sabatini de mettre au premier plan ce plaisir de
l’aventure et du dépaysement, au détriment d’une fidélité historique
rigoureuse. Si cette critique ne semble pas vraiment se justifier pour les œuvres
susnommées, où l’intérêt du récit tient avant tout dans son déroulement
romanesque, on comprend mieux, à la lecture d’œuvres moins connues, ce qui a
pu la susciter. Quand on ouvre Colombus (1942), Torquemada and the Spanish Inquisition (1913) ou The
Life of Cesar Borgia, (1911), on s’aperçoit que la limite est parfois ténue
entre biographie et roman historique. The
Life of Cesar Borgia est sans doute
une biographie à peine romancée, mais le fait que la même année, Sabatini
ait publié The Justice of the Duke
ayant pour personnage entre autre… Cesar Borgia, montre bien comment Histoire
et fiction sont intrinsèquement mêlées chez lui.
Sabatini
a également écrit six pièces de théâtre, mais avec moins de succès,
certaines basées sur ses romans (Bardelys
the Magnificient, 1926). Peut-être leur succès a-t-il été terni par
celui des œuvres cinématographiques (The
Sea Hawk, 1940, Captain Blood,
1935, ou encore Scaramouche, 1952).
Les récits
de fiction de Sabatini ont poussé à l’extrême cette règle du roman
d'aventures qui veut que le héros soit contraint par les événements de
quitter sa vie tranquille pour se jeter, contre son gré (mais selon la logique
de sa nature profonde) dans l’aventure. Sir Oliver devient le faucon des mers
après avoir été injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis ;
le chirurgien Blood se transforme en capitaine Blood après avoir été
injustement accusé de complot contre l’Etat ; et c’est pour fuir ses
ennemis que le héros de
Scaramouche
part vivre en France, aux côtés d’une troupe de comédien, ses
fantastiques aventures. Les personnages doivent se racheter à la fois aux yeux
de leur pays et aux yeux de leur belle. Mais bien vite, le plaisir de
l’aventure semble l’emporter sur la nécessité de se faire justice… Car
ce ne sont pas seulement les affaires d’honneur que défendent les héros de
Sabatini ; c’est implicitement aux codes chevaleresque et courtois, au
sens médiéval de ces termes, qu’ils obéissent. Il ne s’agit pas de
renvoyer à une chevalerie de pacotille, mais bien à l’ensemble du champ
conceptuel auquel renvoyait ce mot au Moyen-Age : libéralité, courage,
sens de l’honneur, fidélité à sa belle. Ces valeurs désuètes semblent
fasciner Sabatini, tant il les place au cœur de ses œuvres.
Condamné
par les uns à n’être qu’un épigone de Stevenson, mais à l’imagination
moins puissante, évacué de la littérature sérieuse par les autres, parce
qu’il laissait trop vaguer cette même imagination, Sabatini gagnerait à être
redécouvert pour ce qu’il est, un formidable auteur de récits de fantaisie
historique et d’aventures ; auteur mineur certes, mais moins vieilli et
ennuyeux que bien des auteurs actuels de la littérature historique
anglo-saxonne.
Une sélection de quelques ouvrages parmi les plus connus de Sabatini. |
Quelques références bibliographiques.
Très peu d'ouvrages et d'articles ont été écrits sur Sabatini. Quelques titres cependant peuvent être éclairants.
"R. Sabatini: the Swasbuckler as serious artist" by J. F. Knight (Romantist).
The Historical Romance, Helen Hughes.
The Life and Work of Rafael Sabatini: Site en anglais entièrement consacré à Rafael Sabatini, comprend une biographie et une bibliographie, ainsi que deux articles sur la série des "Capitaine Blood".
The Sea Hawk: Article consacré aux versions cinématographiques adaptées du récit de Sabatini.
Il existe sur OneList un groupe de discussion entièrement consacré à Rafael Sabatini.
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IPL Online Collection: Une fois de plus, cet excellent site propose de nombreux récits de Sabatini à télécharger gratuitement: Scaramouche, Mistress Wilding et Captain Blood, et d'autres encore: la liste augmente régulièrement.
Le plus simple est de tenter une recherche sur abebooks.fr, principal site fournisseur de livre d'occasion.