1860-1933.

 

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Deux auteurs se sont partagé le nom de Paul Féval: à Paul Féval père - le plus fameux - on doit Les mystères de Londres (roman-feuilleton inspiré des Mystères de Paris d'Eugène Sue), le loup blanc (récit fantastique puisant dans le folklore breton), Les habits noirs, autre roman-feuilleton qui narre les exploits d'une bande de malfrats et surtout Le bossu (1857), première des nombreuses aventures de Lagardère.

A Paul Féval fils, on doit un grand nombre de récits de cape et d'épée, de qualité très inégale, mais rarement exceptionnelle. Paul Féval fils a su en particulier exploiter les personnages de ses aînés pour leur faire vivre de nouvelles aventures: on lui doit ainsi la suite des aventures du Bossu: La jeunesse du Bossu (1934), Cocardasse et Passepoil (1909), Les Chevauchées de Lagardère (1909), Le Fils de Lagardère (1893, avec A. d'Orsay), Les Jumeaux de Nevers (1895, avec A. d'Orsay), Mademoiselle de Lagardère (1929), La petite fille du Bossu (1931). Il transforme ainsi en dynastie le nom de Pardaillan, en même temps qu'il tente de fonder une dynastie de plume. Il s'est également inspiré de son père en écrivant Les bandits de Londres, qui n'est pas sans rappeler Les Mystères de Londres. Enfin, Féval fils a su exploiter l'autre veine à succès de son père, celle de la veine fantastique et vampirique, avec des romans comme Les vampires de la mer (1929), ou Le réveil d'Atlantide (avec H.-J. Magog, en 1923), mais ici, suivant l'air du temps, il modernise le fantstique, lui fait perdre la coloration gothique qu'il avait chez son père, pour le confronter à la science et au positivisme, ce qui fait de lui, de l'avis général, l'un des précurseurs de la science-fiction à la française.

La veine palimpseste du fils ne s'est pas arrêtée à l'oeuvre de Féval père. Inépuisable continuateur d'oeuvres fameuses de la littérature populaire, Paul Féval fils a également tiré partie des ressources romanesques d'un autre grand feuilletoniste, Alexandre Dumas. On lui doit ainsi la rencontre improbable de Cyrano et de d'Artagnan, dans d'Artagnan contre Cyrano (4 volumes, 1925) suivi de d'Artagnan et Cyrano réconciliés (3 volumes, 1928). Il a enfin publié Le fils de d'Artagnan (1914)et La vieillesse d'Athos (1930), ces deux dernières oeuvres n'étant que lointainement rattachées aux intrigues de la trilogie des Mousquetaires.

Plus généralement, Paul Féval fils a proposé une oeuvre de fantaisie, destinée plus volontiers à la jeunesse et sans grande prétention, qui emprunte à plaisir aux conventions romanesques de l'époque. Loin des grandes machineries à prétention politique, historique, morale ou sociale de la génération de son père (Eugène Sue, Alexandre Dumas et Paul Féval père), il propose un roman d'aventures débridé, écrit au fil de la plume, et sans discours de profondeur. L'humour y est très présent (à travers des personnages stéréotypés et comiques, Cocardasse et Passepoil, Cyrano, etc.), les coups de théâtre et les péripéties ne se justifient guère, et si le mélodrame est toujours prêt à apparaître, ce n'est jamais de façon très sérieuse: la galanterie (fort sage cependant) vient souligner que tout est ici affaire de légèreté (voir par exemple Aventurières). Lorsque, derrière Dumas et Féval père, l'auteur emprunte à la veine historique, l'Histoire ne repose plus que sur des conventions romanesques (comme dans Mam'zelle Flamberge, 1911), avec la plus grande indifférence pour les grands événements authentiques. On est ici dans un roman de cape et d'épée au sens fort, comme a pu l'être le cinéma de cape et d'épée dans les années 40, au sens où il n'a d'historique que le nom, mais ne repose en réalité pas plus sur une réalité passée que le western ou le peplum. Loin du souci d'un Rafael Sabatini, à la même époque, de proposer en Angleterre un roman d'aventures fondé sur les faits, loin même d'un Stanley Weyman qui, s'il propose une intrigue romanesque peu architecturée sur les faits historiques, laisse une place importante à l'arrière plan, Paul Féval fils est plus proche d'Emilio Salgari (Le Corsaire Noir) ou de Louis Noir (Le Corsaire aux cheveux d'or); et à côté de lui, Michel Zévaco fait figure d'historien sourcilleux. On a parlé, à propos des différences qui existaient entre Paul Féval père et son fils, d'une illustration de la décadence du roman populaire en un peu plus d'un demi siècle. Mais s'il est vrai que l'ambition a abandonné ce type de littérature, celle-ci s'est ouverte à la fantaisie la plus débridée, et elle a peut-être gagné d'un côté ce qu'elle a perdu de l'autre.

 Bibliographie.

Claude Aziza: "préface" et "dossier littéraire et historique", P. Féval fils, d'Artagnan et Cyrano.

Daniel Compère, "L'art de la suite chez Paul Féval fils", Le Rocambole, n°23, été 2003.

Daniel Compère, "Bonaparte et Lagardère", Le Rocambole, n°27, été 2004.

Sarah Mombert: "Lagardère de père en fils ou les aventures d'un genre populaire", Le roman populaire en question(s), Limoges, PULIM, 1997.

 

Où trouver les oeuvres de l'auteur?

On trouve peu d'oeuvres de Paul Féval fils aujourd'hui, qui a sans doute moins bien vieilli que son père. Seul, Omnibus a eu la bonne idée de ressortir deux de ses cycles, celui de d'Artagnan et Cyrano et celui du Bossu, précédé il est vrai de l'oeuvre originale de Paul Féval père.

Pour les autres romans, qui n'ont parfois jamais été réédités depuis leur première parution, on est obligé de se fier aux librairies spécialisées (voir la page consacrée à ce sujet). On peut également se rendre sur l'un ou l'autre des sites de vente d'ouvrages d'occasion, dont le plus efficace est très certainement abebooks.fr.

 

Liens.

On trouve, sur le site de Patrick de Jacquelot consacré aux suites de Dumas, la description de plusieurs romans de Paul Féval fils, ainsi qu'une présentation de l'auteur.

 

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