Principales uvres - les grands cycles.
Où trouver les oeuvres de l'auteur?
Bouquins a réédité quatre romans de Salgari. |
Les éditions maisons viennent de rééditer La capitaine du Yucatan (référence ISBN : 2-9521845-1-8). |
Merci à Felice Pozzo pour m'avoir permis de corriger certaines erreurs.
Seul Tallandier a publié la plupart des oeuvres de Salgari. |
Très apprécié en Italie, Emilio Salgari est à peu près inconnu en France. On ignore souvent qu'il est à l'origine du cycle des "Sandokan", qui fit les délices du téléspectateur des années 70. Cet auteur fut pourtant traduit à maintes reprises en français autrefois : on trouve des nombre de ses textes aux éditions Tallandier (Le Tigre de Mompracem, La cité du roi lépreux, Les mystères de la jungle noire, etc.), et ses uvres ont également connu un certain succès dans les collections de livres de prix.
Salgari est né à Vérone en 1862. Il étudia sans grand succès à l'institut naval de Venise. Alors que cet auteur n'a guère (jamais?) voyagé sur l'eau, son intérêt pour l'univers maritime se retrouve dans les motifs de ses oeuvres, où les flibustiers, les corsaires et les pirates sont une composante essentielle. Mais il faudrait ajouter l'influence de la littérature d'aventures antérieure, celle de Gustave Aimard, Mayne Reid, Jules Verne, Alexandre Dumas ou Louis Boussenard...
Son premier récit, I Selvaggi della Papuasia paraît en 1883 dans le journal milanais La Valigia. Son premier roman, La Rosa del Dong-Giang (publié d'abord sous le nom de Tay-See) sort la même année. Suivront plus de 80 romans d'aventures, écrits à un rythme étourdissant (25 ans !) pour répondre à d'incessants besoins d'argent, auxquels il faut ajouter quelques 150 récits et nouvelles et de nombreux articles de vulgarisation scientifique, sans compter le travail de traduction (Salgari a ainsi traduit plusieurs oeuvre de Louis Boussenard). Le rythme de l'écriture et la publication en feuilleton expliquent la forme particulière des oeuvres de Salgari, sans temps morts et aux très nombreux rebondissements, jusqu'à devenir parfois un peu répétitif. Ils expliquent également que les romans se ressemblent parfois. On considère en général que l' "âge d'or" de Salgari recouvre la période qui court de 1894 à 1908. Par la suite, l'état dépressif de l'auteur affecte la qualité de son oeuvre, avant de le conduire au suicide en 1911.
Pour voir le détail des principaux cycles, cliquer ici.
Parmi les uvres de l'auteur, il faut placer au premier plan la série des Sandokan, qui compte 11 épisodes parmi lesquels I Misteri della Jungla Nera, I Pirati della Malesia (1891-92 et 1902), Le Tigri di Mompracem (1883-84 et 1900), Le due Tigri (1904), et qui s'achève avec La Rivincita di Yanez.
Les éditions Mursia publient aujourd'hui encore en Italie la plupart des récits de Salgari. |
D'autres séries, moins connues, peuvent être évoquées: les aventures maritimes du "Corsaire Noir" qui comptent 5 tomes (dont Il Corsaro Nero, 1898, Il Figlio del Corsaro Rosso, 1906), les aventures de Tête de Pierre et de sir William (I Corsari delle Bermude, La Crociera della "Tuonante", 1910), quelques récits de type western (Sulle Frontiere del Far-West, 1908), ou encore des récits météores, tel l'improbable Al Polo Australe in Velocipede (1896).
La difficulté de rendre compte de l'ensemble de l'oeuvre de Salgari vient de ce que d'une part, cet auteur a écrit sous de nombreux pseudonymes et, d'autre part, de ce que bien des romans publiés sous son nom ont été écrit par d'autres auteurs ou en collaboration.
S'il n'existe plus d'édition française d'uvres d'Emilio Salgari, on peut aisément trouver la plupart des textes de l'auteur en langue italienne, aux éditions Mursia. Ce même éditeur semble avoir fait paraître un volume de récits brefs (collection "Le Pleiadi"). On peut encore trouver chez Mondadori un recueil de textes rares de Salgari: Gli Antropofaghi del Mare del Corallo - Racconti ritrovati.
Pour découvrir les principaux cycles de Salgari, suivre le lien.
Les romans de Salgari se destinaient à un public essentiellement enfantin et adolescent. Ils parcourent les principaux thèmes de la littérature d'aventures: robinsonnades (I Robinson Italiani, 1896), western (I Selve Ardenti, 1910), récits historiques (La Crociera della "Tuonante", 1910), récits de pirates et de corsaires (La Regina dei Caraibi, 1901), récits exotiques (La Giraffa Bianca, 1902), aventures extraordinaires (Al Polo Australe in Velocipede, 1896, La meraviglie del duemila, ), etc.
Le style de Salgari n'est certes pas des plus subtils, mais ses récits témoignent d'une frénésie contagieuse. L'intrigue est souvent lâche, enchaînant les épisodes sans lien véritable, mais toujours avec un rythme soutenu. Les descriptions elles-mêmes témoignent d'une grande densité, telle la présentation des Sunderbunds dans les premières pages d' I misteri della jungle nera qui dépeint en un bref paragraphe un univers d'épines, d'eaux jaunâtres, de crocodiles gigantesques, de tigres, de rhinocéros, serpents, et de Thugs étrangleurs... Ce court passage a une fonction programmatique bien plus que descriptive: il annonce les principaux épisodes du récits. Certes, tous ne seront pas actualisés (ainsi, le rhinocéros est absent du roman !), mais ils donnent la tonalité narrative de l'oeuvre. Il s'agit moins de décrire le monde, que de présenter un univers fantasmatique, essentiellement utopique et uchronique. Les régions et les époques présentées correspondent pas tant à la réalité qu'à un vaste terrain d'aventures, de dangers et d'émerveillements, un peu comme la carte de L'île au trésor que coloriait Stevenson. Il y a chez Salgari une densité rarement rencontrée ailleurs. Si l'on meurt par dizaines chez cet auteur, la mort n'est jamais ni dramatique ni horrible; elle participe plutôt d'une sorte d'écriture frénétique et baroque, où chaque tempête est la plus extraordinaire, chaque bataille la plus formidable, chaque ennemi le plus terrible.
La surenchère permanente fait qu'on n'a jamais vraiment peur pour les héros, et qu'on accepte de se prendre au jeu, et de croire, si c'est le bon plaisir de l'auteur, qu'il est possible aux personnages d'affronter seuls des centaines d'ennemis, comme Sandokan et ses amis face à James Brook, dans I Pirati della Malesia. Ainsi, pour le lecteur de Salgari, c'est l'aspect ludique de l'aventure qui prédomine: on regarde les héros lutter contre mille dangers, comme on joue aux pirates dans la cour de récréation. Pourtant, derrière le plaisir léger de la lecture, il existe comme un malaise et l'aventure se trouble de sa face pessimiste. Les personnages correspondent à un modèle beaucoup plus sombre que celui du héros fade des romans d'aventures traditionnels. Ils s'inscrivent au contraire dans une tradition byronienne mâtinée de Monte-Cristo, tradition tourmentée et pessimiste qui emprunte en partie au roman-feuilleton l'expression de son désarroi. Certes, au lieu des héros en devenir du roman d'aventures traditionnel, enfants passant progressivement à l'âge adulte, on découvre des personnages adultes qui ont déjà fait leurs preuves. Mais il ne leur reste plus alors que le déclin comme destin possible. Ainsi, épuisé par ses aventures, Sandokan s'exclame: "le Tigre est mort pour toujours !" (Le tigri di Mompracem); ailleurs, Tremal-Naik, fiévreux, délire: "Le soleil se couche... Les ténèbres s'abattent comme des corbeaux sur les bambous!..." (I misteri della jungle nera); quant à Sir William, le héros d'I corsari delle Bermude, "pauvre jeune homme", il est toujours perdu dans ses sombres rêveries; enfin, le corsaire noir renonce à son rêve de vengeance... Il y a du désespoir dans la révolte des héros, persuadés que leur combat est vain. Les personnages s'opposent toujours à l'envahisseur, en particulier l'envahisseur britannique, et la marche triomphante de l'Empire rend leur lutte désespérée. Mais c'est plus encore le déclin des valeurs du Risorgimento qui est regretté dans ce constat: la puissance du capitalisme et la marche du progrès tuent toute générosité. Les héros ne peuvent avoir de place que dans l'espace abstrait du roman; corsaires, pirates et flibustiers, ils sont bannis de la réalité. Au terme du cycle de Sandokan, Yanez paraît faire le constat de la mort de l'aventure lorsqu'il affirme "Désormais, Mompracem ne combat plus, et mes Tigres engraissent"..
La société Mattel a sorti en Italie à la fin des années 70 un "Big Jim" portant le nom du héros de Sandokan, sous les traits et le costume de l'acteur qui l'interpréta dans le série télévisée de 1975 (cf. infra). Seul Karl May connut une gloire similaire. (merci au site Big Jim pour ses informations). |
En Italie, Emilio Salgari a eu une influence majeure sur la littérature enfantine. Il a généré en particulier un certain nombre d'imitations, parmi lesquelles il faudrait citer Luigi Motta (qui a écrit plusieurs suites aux aventures de Sandokan, comme Lo Scettro di Sandokan ou La Gloria di Yanez). S'il fallait souligner une spécificité nationale des récits de Salgari, il faudrait sans doute relever le caractère paradoxal qu'y revêt l'exotisme: loin de privilégier une vision coloniale du monde, Salgari semble mettre en avant les visées autonomistes de ses héros. Sandokan et ses pirates luttent contre les Anglais pour que leur île, Mompracem et à travers elle la Malaisie tout entière, reste autonome. Quant à Testa di Pietra, il participe activement à la guerre d'Indépendance américaine (I Corsari delle Bermude).
Depuis la première version de cette page, de nombreux sites consacrés à Salgari se sont ouverts. Il était temps de mettre à jour ces liens.
- Le site de "La Perla di Labuan" (en italien): sans doute le meilleur site consacré Salgari. A visiter en premier lieu.
- Un nouveau (et très beau) site, en italien.
- Un site allemand sur l'auteur, et sur sa fameuse île de Mompracem. certaines pages sont traduites en anglais et en italien.
- Un grand nombre d'oeuvres de Salgari au format électronique (en italien).
- Un site proposant de nombreuses oeuvres de Salgari au format électronique, ainsi qu'une bibliographie succinste de ses oeuvres.
- Un article sur Salgari (par J. Gaillard): "Il Giro del mondo in 82 romanzi; In viaggio con E. Salgari" (en italien).
- Un article en français par Matthieu Letourneux sur la réécriture des aventures des Tigres de Salgari par Paco Ignacio Taibo II: "Révolte et révolution: des tigres de Salgari à ceux de Paco Ignacio Taibo II". Cet article a été publié dans la remarquable revue en ligne Belphégor spécialisée dans la littérature populaire.
- Un article sur Salgari auteur fantastique par le grand critique Claudio Gallo, spécialiste de l'auteur, dans un site spécialisé sur la littérature italienne fantastique, IT Horror Magazine.
- Un autre article en italien: "Salgari un corsaro folle e avvincente" par B. Giorgione (format pdf, qui recquiert Acrobat Reader).
- Sandokan dans sa version télévisée. On y trouve de nombreuses images extraites du feuilleton, et un texte présenté comme un texte de Salgari, mais qui est une adaptation de la version télévisée (version de Renato Caporali?). Il s'agit visiblement de la mise en ligne d'un ouvrage de 1975 Le avventure di Salgari; Sandokan (Florence, Giunti Marzocco). Bravo à l'auteur qui a eu l'excellente idée de mettre ce livre, difficile à trouver, on line.
Où trouver les oeuvres de l'auteur?
Il y a eu récemment plusieurs rééditions d'Emilio Salgari en français: Bouquins a publié quatre récits sous le titre Le corsaire noir et autres romans (on y trouve Le corsaire noir, La reine des Caraïbes, Les mystères de la jungle noire, Les tigres de Mompracem); les Editions Maison ont quant à elles réédité La capitaine du Yucatan.
Quelques titres sur abebooks.fr, mais surtout en espagnol malheureusement.
On peut trouver des oeuvres de Salgari en version électronique (en italien).
Vous trouverez également des adresses de bouquinistes spécialisés dans la littérature populaire sur ma page d'adresses.
Si vous avez des critiques, remarques, questions ou informations complémentaires, n'hésitez pas à me contacter, j'aurai un grand plaisir à vous répondre.