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Si les grands romans d'aventures furent essentiellement écrit en Allemagne, en France et dans les pays Anglo-Saxons, des auteurs, venus d'autres pays, ont produit des œuvres intéressantes. Qui ne connaît pas par exemple le célèbre Quo Vadis? du Polonais Sienkiewicz, qui a souvent été présenté (certes généralement dans des versions remaniées) comme un roman d'aventures historiques? Pourtant, on ignore trop souvent que cet écrivain de talent a écrit d'autres récits dans une veine plus proche encore des motifs du roman d'aventures. Le Finlandais Mika Waltari pouvait être rapproché de cette même tradition du roman d'aventures historiques. Ainsi, on trouve, de façon secondaire, un grand nombre d'auteurs qu'on peut rapprocher, souvent indirectement, du genre du roman d'aventures. Auteurs intéressants, parce que, décentrés géographiquement, ils ne correspondent généralement pas tout à fait aux modèles dominants du genre.

  NB: Les auteurs russes ont été déplacés sur une page spécifique.

 

 

Francisco Leite Bastos (Portugal). Auteur de "mystères urbains", influencé par Paul Féval.

 

Louis Cha (Jin Yong, Chine, 1926-...): Maître incontesté du Wu Xia, récit de sabre, branche originale du récit d'arts martiaux asiatiques dans laquelle, dans une Asie traditionnelle, les personnages se combattent non seulement au corps à corps, mais aussi à coups d'épée, de sabre et d'armes traditionnelles. Le Wu Xia est le genre épique chinois par excellence, comme le récit de chevalerie est le genre épique européen. Il conte, dans une atmosphère surnaturelle où les pouvoirs surnaturels des personnages jouent un rôle important, les aventures de chevaliers et repose sur un strict code de conduite.

 

 

Helge Ingstad (Norvège, 1899-2001): Scientifique et voyageur fameux, à qui l'on doit la découverte en 1960 du site viking de l'Anse de Meadows (Terre-Neuve), preuve d'une "colonisation" viking de l'Amérique. Avant cette date, il a passé quatre ans dans le Grand Nord canadien, à chasser et à côtoyer les tribus indiennes de la région; puis il a fait plusieurs séjours dans les régions polaires. Outre des ouvrages relatant ses voyages (Mes chasses dans la toundra canadienne), on lui doit quelques récits d'aventures inspirés de ses propres pérégrinations, parmi lesquels il faut citer Klondyke Bill (1941).

 

 

Sans Pitié, illustré par Giraud, un titre qui exprime assez bien l'esprit de la série.

Louis Masterson (Kjell Hallbing, 1934-... Norvège). Après une carrière dans les milieux financiers, Masterson s'est tourné vers l'écriture et est devenu l'auteur de la série de romans-westerns Morgan Kane, parus de 1966 à 1985 (plus de 80 romans parus). Les oeuvres, qui ont connu un succès retentissant dans le monde entier (elles se sont vendues à près de vingt millions d'exemplaires), représentent sans doute l'exemple le plus systématique de proposer un équivalent, en littérature, du western-spaghetti. Loin du mythe hollywoodien, les personnages de Masterson sont des brutes racistes et sadiques, la violence est crue et omniprésente, et les scènes de sexe sont fréquentes. Le héros, loin des personnages monolithiques de Zane Grey ou Louis L'amour, est un joueur et un buveur invétéré et auquel les crises de violence sadique donnent une certaine ambiguïté morale.

 

 

 

Ferdynand Antoni Ossendowski (1876-1944, Pologne).

Géologue, explorateur et écrivain polonais, à une époque où la Pologne était sous domination russe. Auteur de récits de voyage, décrivant parfois des expériences mystiques, Ossendowski a contribué à populariser la légende du Roi du monde, maître des lamas dans un monde de l'Agarthi (ou Agartha, univers souterrain gigantesque qui étendrait ses ramifications sous tous les continents du globe, ce qui n'est pas sans évoquer certains récits de mondes perdus). Roi du monde, il l'est parce qu'il a réussi à pénétrer les mystères de la nature, et qu'il peut dire l'avenir. Cet univers est évoqué dans Bêtes, hommes et dieux: à travers la Mongolie interdite, 1920-1921, publié en anglais à New York en 1922), véritable roman-culte, chargé d'évocations extraordinaires, et narrant les aventures extraordinaires de l'auteur en Mongolie puis jusqu'à l'Himalaya, tandis qu'il fuit les persécutions bolcheviques. La fascination liée à cette oeuvre tient aux révélations occultes qu'elle propose sur les secrets des lamas bouddhiques, le Roi du monde, ou sur l'énigme du pays souterrain et mythique Agarthi, qui ont tous nourri à leur façon les rêveries fiévreuses des mystiques du monde (comme l'a fait, dans le domaine indien, le français Louis Jacolliot). On doit également à Ossendowski des récits d'aventures de facture plus classique, comme Navires égarés ou la fantaisie de Kett, journal d'un chimpanzé. Ossendowski a d'abord écrit en russe. Contraint de quitter ce pays à la suite de la Révolution bolchevique, il a voyagé à travers le monde, avant de s’installer en Pologne à partir de 1922, quand le pays avait quitté la tutelle russe, où il est mort dans des circonstances mystérieuses en 1944. Il a écrit un grand nombre de ses oeuvres en polonais.

 

Oeuvres d'Ossendowski traduites en français.

 

 

Pierre Saurel (Pierre Daignault, Canada, 1925-...). Comédien (il a joué dans la série télévisée Les belles histoires du pays d'en haut), metteur en scène de théâtre et folkloriste. Il est également (et c'est ce qui nous intéresse) auteur de pulps canadiens, sa série la plus connue, Ixe 13 (dont les premiers récits paraissent en 1947 dans Police Journal), mêle espionnage, enquêtes et aventures. Il commence par Il a écrit, sous divers pseudonymes, de nombreux romans populaires, parmi lesquels un certain nombre de romans d'aventures (série des Diane la belle aventurière, aventures policières, ainsi que de nombreux romans westerns), mais aussi des récits policiers (comme la série des aventures du "manchot", qui débute dans les années 1980). Pierre Saurel est sans doute le plus important des auteurs populaires canadiens.

Un site consacré à l'agent Ixe-13.

Un site consacré au Manchot.

 

Henryk Sienkiewicz (Pologne, 1846-1916). Auteur de romans historiques (plutôt que de romans d'aventures historiques) visant à exalter les valeurs de la Pologne alors qu'elle était au mains des russes. Ses romans les plus connus sont Par le fer et par le feu et Quo Vadis.

 

Paco Ignacio Taibo II (Mexique, 1949-...). Auteur contemporain de nombreux récits policiers (Pas de fin heureuse, Cosa Facil) qui a également écrit des oeuvres aux inspirations génériques mixtes (à la fois récits historiques, policiers, espionnage, aventure...), mais que l'auteur définit explicitement, dans ses préfaces et entretiens, comme des récits d'aventures (c'est le cas d'A quatre mains, de Nous revenons comme des ombres, du Rendez-vous des héros ou du Trésor fantôme). Auteur que l'on pourrait qualifier de post-moderne, pour sa capacité, dans une trame construite selon des procédés narratifs complexes (narrations polyphoniques, formes différentes, collage, échos et parallélismes), à mêler des éléments culturels disparates, documents historiques, analyses politiques, anecdotes personnelles, références à la culture de l'élite et à la culture populaire (voir les références au soap, aux slapstick comédies, aux muralistes, etc.). Dans ce dernier cas, il témoigne de façon sensible d'une prédilection pour les auteurs de romans d'aventures: Edgar Rice Burroughs (l'un des personnages de Nous revenons comme des ombres est persuadé qu'il écrit en collaboration avec Burroughs Tarzan of the Apes, alors que le roman est paru depuis vingt ans), Karl May (Winnetou et Old Shatterhand viennent aider le héros du Rendez-vous des héros à mener une révolution idéale au Mexique; les personnages de Karl May sont également fréquemment évoqués dans A quatre mains), Alexandre Dumas (les trois mousquetaires participent à la révolution déjà évoquée), Ainsworth (indirectement, puisque Dick Turpin est un autre héros du Rendez-vous) et surtout, régulièrement, Emilio Salgari. Ce dernier auteur revient de façon quasi obsessionnelle dans de nombreuses oeuvres: dans A quatre mains, un personnage, enfermé dans une prison bulgare sans papier ni encre, réécrit de mémoire L'adieu à Mompracem, roman prétendument de Salgari (mais en réalité écrit par Luigi Motta. Pour compliquer les choses, cette évocation est sans doute calquée sur un passage des mémoires de Kropotkine, réécrivant de mémoire dans une prison des épisodes à la façon des Mystères du peuple d'Eugène Sue); dans Le rendez-vous des héros, Sandokan et Yanez tiennent une place de choix, à la tête de leurs Tigres malais, dans le combat contre les forces de police. Enfin - vrai ou faux, difficile à dire - l'auteur prétend qu'il est en train d'écrire lui-même la suite de L'adieu à Mompracem, dans laquelle Sandokan et Yanez prennent part à la révolution philippine (celle qui apparaît dans Le chef du lys d'eau).

Chez cet écrivain, le roman d'aventures est porteur d'une sorte de définition de l'idéal révolutionnaire: le héros d'aventures est un personnage en marge. Taibo II choisit de véritables aventuriers: non pas des porte-drapeaux du colonialisme (à la façon des personnages de Haggard), ni des garçons moralistes (comme chez Galopin ou Henty), mais il choisit des bandits bien aimés (Dick Turpin), pirates (les Tigres) et hors-la-loi (Winnetou) qui refusent toute contrainte sociale. Ces héros évoquent d'autres figures romanesques récurrentes chez l'écrivain: Pancho Villa et Che Guevarra (qui, souligne Paco Ignacio dans sa biographie du révolutionnaire, fut un grand lecteur de Salgari dans son enfance). Ce n'est pas le théoricien qui intéresse l'écrivain, mais l'homme d'action, idéaliste porteur de valeurs généreuses et d'une révolte qui le conduit à toujours s'opposer et à s'engager dans tous les combats sociaux. Mais le héros de roman d'aventures est aussi un personnage de fiction, irréaliste par excellence, ce qui fait glisser l'aventure révolutionnaire vers la rêverie romanesque. Le héros de roman d'aventures est convoqué quand l'aventure révolutionnaire paraît n'être plus possible dans la réalité: dans un lit d'hôpital (Le rendez-vous des héros), dans une clinique psychiatrique (Nous revenons comme des ombres), ou au fond d'une prison (A quatre mains). Il y a une sorte d'idéalisme pessimiste dans la rêverie aventureuse de l'auteur. Idéalisme d'une pureté révolutionnaire conçue dans ce qu'elle a de plus romantique, et pessimisme de la vision d'un héros marginal, d'un vaincu magnifique, luttant contre des adversaires toujours plus fort, se heurtant à la brutale solidité du réel. Si les héros de Taibo II paraissent souvent venir à bout de leurs adversaires, cette victoire est généralement illusoire, et elle est en tout cas toujours remise en cause dans les dernières pages du récit.

 

Mika Waltari (Finlande). Auteur de romans historiques dans lesquels la trame aventureuse tient souvent une place importante. En France, ses romans les plus fameux sont Sinoué l'Egyptien, Les amants de Byzance, L'Etrusque et L'escholier de Dieu.

 

Eiji Yoshikawa (Japon, 1892-1962). Auteur populaire jouissant d'un très grand succès aujourd'hui encore au Japon, mais dont on ne découvre les oeuvres que depuis très récemment en France. Son roman le plus fameux, La Pierre et le sabre (paru à l'origine de 1935-1939 dans la revue Asahi Shimbun), qui prend pour héros Musashi Miyamoto a été adapté a de très nombreuses reprises au cinéma en bande dessinée ou à la télévision, et a imposé en grande partie l'imaginaire romanesque et cinématographique des récits de samourai. Il s'agit d'un récit historique, qui prend pour cadre le Japon du XVIIè siècle, et dont le héros, Musashi, est inspiré d'une figure authentique, maître en fait d'armes et rédacteur d'un traité de stratégie, le Traité des cinq roues. On suit le personnage dans sa quête de la sagesse, la voie du samourai, et dans la série de duels et de combats qui jalonnent sa quête. récit initiatique et récit d'aventures à la fois, cette oeuvre est essentielle pour comprendre à la fois l'imaginaire et les valeurs du samourai et les codes génériques des récits d'arts martiaux, y compris sans doute le Wu Xia de Hong-Kong.

 

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