Après une carrière journalistique, Amédée Achard se lance, comme beaucoup de ses pairs, dans le feuilleton, qui permettait de compléter aisément un salaire insuffisant. A une époque où les maîtres de la littérature populaire se nomment Paul Féval, Alexandre Dumas et, déjà, Ponson du Terrail, il choisit naturellement de se tourner vers le roman historique et devient rapidement l'un des grands noms du feuilleton de second empire, encore marqué par l'imaginaire romantique. Ses oeuvres sont fortement inspirées de celles de Dumas: Les coups d'épée retrouvent ainsi le siège de La Rochelle, Belle-Rose et le Comte Gédéon (La cape et l'épée) rappellent d'Artagnan (mais aussi le Bossu de Féval). Si le cadre, l'époque et les personnages privilégiés par Achard évoquent toujours Dumas, sa relation à l'Histoire diffère de celle de l'auteur de La Reine Margot. Les grands personnages historiques, comme les grands événements, jouent un rôle moins direct dans le récit, et la reconstitution de l'époque est moins stricte. En ce sens, on peut considérer qu'Achard, à qui l'on attribue souvent de façon fautive la primeur de l'usage de l'expression "cape et épée" (qui fut employée auparavant en titre d'ouvrage par Ponson du Terrail), est bien l'un des précurseurs de ce genre sensiblement différent du roman historique. Contrairement à Dumas, chez Achard, l'Histoire devient un décor pour l'aventure. La représentation de l'époque et des personnages n'est pas la préoccupation première du récit. On peut aller plus loin. En reprenant de façon commode le cadre et les stéréotypes du roman dumasien, Achard ne reproduit pas tant une époque passée qu'un pur univers de fiction, celui de Dumas. Là où Dumas tentait de faire revivre le passe, Achard s'efforce de faire revivre Dumas. Ce basculement vers une pratique purement romanesque est peut-être l'une des spécificités du roman d'aventures authentique. Si c'est dans ce domaine que l'auteur est resté à la postérité, l'oeuvre d'Amédée Achard ne se cantonne pas au récit de cape et d'épée. Très vite, sa carrière connaît un tournant qui le conduit à privilégier le roman populaire de moeurs, mélange de récit sentimental et de mélodrame dont le roman réaliste fut le pendant littéraire.
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On
peut citer parmi ses oeuvres: Koenigsmark (1918), L'Atlantide
(1919), Le Lac salé (1921), Mademoiselle de la Ferté (1923),
La Châtelaine du Liban (1924), Le roi lépreux (1927).
DAISNE, Joseph : Pierre ou l’éloge du roman romanesque, Paris, Albin Michel, 1964.
LE MORZELLEC, Joëlle: “Pierre , romancier de l’aventure”, Pierre Benoit, témoin de son temps ; Actes du colloque organisé par l’Association des écrivains de langue française, Paris, Albin Michel, 1991.
THIBAUDET, Albert: "Le roman d'aventures", Réflexions sur le roman, Paris, Gallimard, N.R.F., 1938, pp. 71-81.
Sur Pierre Benoit, on peut consulter les sites suivants:
- Une biographie de l'auteur sur le site de l'Académie Française.
- Une brève présentation du Roi lépreux, qui décrit une fois encore un procédé participant du "réalisme magique" de l'auteur.
Albert Bonneau (1898-1967). Auteur prolifique de romans westerns, de romans d'aventures géographiques et historiques écrits sous de nombreux pseudonymes (Maurice de Moulins, Jean Voussac, Jacques Chambon...), Albert Bonneau est sans doute l'un des derniers grands représentants du roman d'aventures classique. Loin des tentatives de renouvellements littéraires proposés par ses contemporains (André Malraux, Pierre Benoit, Pierre Mac Orlan, Blaise Cendrars...), loin même des transformations subies par le genre chez les auteurs littéraires (à travers en particulier les aléas, chez André Armandy, Jean d'Esme ou Jean d'Agraives, du roman d'aventures coloniales), Albert Bonneau reste largement influencé par des imaginaires antérieurs à ceux de la première guerre mondiale.
Aujourd'hui, on se souvient surtout de sa série de récits de l'Ouest Catamount, qui fut sans doute l'une des tentatives les plus importantes, avec celle de Pierre Pelot (Dylan Stark), pour proposer des westerns français modernes similaires au modèle américain, même si l'influence des récits de l'Ouest du XIXe siècle (Gustave Aimard, Gabriel Ferry) continue de se faire sentir. Albert Bonneau a également publié des romans d'aventures géographiques (Les dompteurs de broncos, L'homme au turban bleu), des récits policiers, sentimentaux, etc., Notice prochainement.
Louis Boussenard. (1847-1910). Cliquez ici pour en savoir plus sur l'auteur des aventures du Gamin de Paris, de Roule ta bosse et de L'enfer de glace et de nombreux autres romans d'aventures géographiques (Notice longue). Vous pouvez également découvrir directement la première partie du "Tour du monde d'un gamin de Paris" en Pathéorama.
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