André Laurie (1845-1909).
De son vrai nom Paschal Grousset, André Laurie est l'auteur de nombreux romans d'aventures pour la jeunesse, publiés aux éditions Hetzel dans la collections "romans d'aventures" (le pseudonyme André Laurie était d'ailleurs contractuellement réservé aux œuvres publiées chez Hetzel) parmi lesquelles Le Capitaine Trafalgar, Le Rubis du grand Lama et surtout Gérard et Colette; Les Chercheurs d’or de l’Afrique australe. On lui doit également un cycle consacré à " la vie de collège dans tous les temps et dans tous les pays " (quatorze volumes de 1881 à 1905, également chez Hetzel), présentation romancée des systèmes éducatifs des différents pays du monde qui lui permettait de faire passer ses idées progressistes (L'Histoire d'un écolier hanovrien lui valut d'ailleurs quelques protestations de son éditeur: Laurie y faisait un véritable cours sur le droit des minorités et une attaque en règle de la Prusse et de ses valeurs). Mais si l'on se souvient d'André Laurie, c'est surtout pour sa collaboration fructueuse avec Jules Verne: ensemble, ils seront à l'origine de trois ouvrages, Les Cinq cents millions de la Begum (1879), L’Etoile du Sud (1884) et L’Epave du Cynthia (1885). Laurie avait à l'origine proposé ces ouvrages à Hetzel afin qu'ils soient retouchés par une plume plus célèbre. Verne sera cette plume.
André Laurie a tout à la fois souffert et bénéficié de sa triple collaboration avec Jules Verne. Il en a bénéficié parce qu'on aurait sans doute un peu oublié aujourd'hui cet auteur si les nombreux chercheurs qui se sont penchés sur Jules Verne ne l'avaient
régulièrement exhumé. Il en a souffert parce qu'on a trop souvent eu tendance à juger son œuvre
à l'éclairage de celle de Verne, et à y voir, en partie à tort, une pâle copie de celle-là. Laurie avait lui-même conscience de cette faiblesse: en 1885, il écrivait dans une lettre à Hetzel, "c'est du reste une chose singulière de voir comme je me trouve constamment dans le même courant que M. Jules Verne […] c'est très flatteur pour moi, mais véritablement embêtant" (cité dans Jules Verne, Patrick Avrane, Stock) Les récits de Laurie sont pourtant davantage qu'un simple plagiat de ceux de Verne. Ancien communard (il y joua le rôle de ministre des Affaires étrangères, ce qui lui valut la déportation en Nouvelle-Calédonie, dont il s'évada), Laurie est beaucoup plus politisé que Verne (il écrivit d'ailleurs de nombreux articles politiques). Ses récits sont beaucoup plus patriotes (d'un patriotisme antiprussien hérité de 1870), et si ses œuvres sont, comme celles de Verne, didactiques, c'est d'un didactisme beaucoup plus militant qu'il s'agit, puisque Laurie, à la façon de
Louis Noir, n'hésite pas à laisser entendre çà et là ses idées politiques.
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Gaston Leroux (1868-1927).
Lire aussi le mémoire de P. Ethuin consacré à Rouletabille chez le tsar
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Si Gaston Leroux est avant tout connu comme l'auteur de Rouletabille (Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la dame en noir, 1907, Rouletabille chez Krupp, 1920), il ne se résume pas entièrement à cette série. On lui doit d'autres œuvres fameuses de la littérature populaire: Le Fantôme de l'Opéra (1910), La Reine de Sabbat (1910), L'Epouse du soleil (1912), et surtout la série des Chéri Bibi (Les Cages flottantes, 1913, Le Coup d'Etat de Chéri Bibi, 1925).
Auteur truculent, Gaston Leroux joue avec les mots et les genres, développant une véritable "esthétique du mirobolant" (Jacques Goimard), une littérature excentrique qui
goûte les expressions paradoxales ("il y eut un grand silence pendant lequel ils se parlaient" Le Cœur cambriolé), qui manie le bizarre et le fantastique (dans Chéri Bibi, on échange les visages; dans Le Fantôme de l'opéra, les sous-sols de Paris
deviennent un monde fantasmatique), qui s'amuse de ses propres effets… Gaston Leroux mélange tous les genres, policier et aventures dans la série des Rouletabille, policier et fantastique dans L'Homme qui a vu le diable, aventure, exotisme, frasque sociales, mélodrame, voire
réflexions politiques dans tous les récits. Gaston Leroux tire à la ligne avec une jubilation qui ferait pâlir
Alexandre Dumas. Sa littérature tient autant de l'aventure que de tous les genres populaires. Si son style est souvent faible, s'il utilise parfois des procédés éculés, le foisonnement de ses récits lui confère un charme qui rend sa lecture encore agréable aujourd'hui.
On trouve de bons ouvrages consacrés à Gaston Leroux, parmi lesquels on peut citer
Paul
Ponson du Terrail (1829-1871). On doit à
cet auteur de nombreux romans d'aventures historiques
inspirés de Dumas (Diane de Lancy, La cape et
l'épée) mais surtout la série des aventures échevelées et
interminable des Exploits de Rocambole (feuilleton en 22 volumes),
oeuvre échevelée qui s'inscrit dans la tradition des "mystères
urbains", pleine de contradictions et d'invraisemblances, mais aussi
pleine de panache et de rythme, sorte de mille et une nuits du feuilleton où
il s'agirait de réveiller constamment l'intérêt du lecteur au prix d'autant
de rebondissements et d'effets de pathos. 
J. H. Rosny (1856-1940).